samedi 30 mars 2013

Le Portail

Le Portail est le premier livre qu'on m'a prêté pour découvrir le Cambodge, que je m'apprête à visiter cet été, et plus particulièrement son histoire pendant les années 1970.
Les premières pages m'ont désarçonnée, je connaissais si peu l'histoire de cette guerre. Jamais au cours de ma scolarité on ne m'en a parlé de près ou de loin. Jamais durant mes études d'histoire on ne m'a évoqué ce génocide qui a pourtant touché 1/3 de la population cambodgienne. Je m'étais jusqu'alors penchée sur d'autres génocides du XX°s, mais j'avoue mon inculture complète sur celui-ci.
Il me fallut alors me battre avec les 100 premières pages pour comprendre un peu mieux qui étaient les Khmers rouges et quelle était la réalité de l'époque. J'ai eu du mal à accrocher, il y a des coupures, je n'ai pas trouvé que le fil de l'histoire était fluide, ce dû peut être à l'écriture. 
Difficilement, je me suis plongée dans l'histoire. L'auteur, François Bizot, est un intellectuel français étudiant les temples et vivant depuis de nombreuses années dans le pays. Pris dans la tourmente de la guerre entre le pouvoir en place et les Khmers rouges, il refuse de quitter le pays. Arrêté, il fut enfermé pendant trois mois dans un camp khmer. Ce fut la partie du livre qui m'a le plus intéressée. C'est aussi à partir de cet épisode que l'auteur a commencé à me déranger. Il se prend d'amitié pour son bourreau: Douch, qui deviendra un des plus grands tortionnaires du régime. Syndrome de Stockholm ou non, la complaisance est certaine et quelque peu perturbante comme on le lit ici: "J'avais été jusqu'à là pénétré de l'image rassurante de bourreau-monstre (...) Je me surpris, au moment même où se révélait sa cruauté, à éprouver pour lui de l'affection."
Ensuite, l'auteur est miraculeusement relâché et il va travailler pour le consulat français en devenant interprète et en faisant le lien avec les Khmers. Il prend plus de distance avec la junte mais l'humanité dont il a fait preuve ressort mal au fil des mots. Finalement, j'ai trouvé qu'il ne prenait pas assez de temps à décrire l'horreur des gens touchés par la guerre mais trop à parler de ses actions auprès du consulat. Je l'ai souvent trouvé froid, dur et distant. Cette partie du livre m'a beaucoup moins intéressée.
Finalement on apprend peu de choses sur la guerre et quasiment rien sur le génocide lui-même, ce livre ne présente que ce que l'auteur a vécu. C'est déjà beaucoup mais ce n'est pas tout. Il me faudra bien d'autres lectures et la visite du musée de Phnom Penh pour saisir l'ensemble des événements.
Enfin, l'auteur aborde les tortures dans sa conclusion, là je l'ai trouvé plus touchant, surtout lorsqu'il reconnaît à demi-mot s'être trompé sur Douch, qu'il décrit comme un attachant révolutionnaire devenu un bourreau.
Même si je n'ai pas adoré ce livre, je suis contente de l'avoir lu car je ne connaissais rien sur l'histoire de ce pays. Et j'ai maintenant vraiment envie d'en savoir plus.

2 commentaires:

  1. J'avais entendu sur Europe 1 une longue interview de l'auteur. Je me rappelle avoir arrêté ce que j'étais en train de faire pour écouter son histoire qu'il racontait d'une façon magistrale. Je constate que malheureusement, le livre n'est pas à la hauteur de son discour. Dommage.

    Sinon, J'adore le nouveau design de ton blog!

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  2. Peut être que tu devrais le lire, il peut te plaire. Je connais une amie qui l'a aimé. Disons que moi, je n'ai pas réussi à rentrer dedans. Je crois que le style, la narration, le point de vue ne me convenaient pas... J'en étais la 1ère déçue...
    Merci pour compliment sur le design du blog, un peu de fraicheur printanière! :-)

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