mardi 18 mars 2014

"Je suis interdite" de Anouk Markovitz


Lorsque mon amie Julie m'a prêté ce livre, j'étais quasi certaine de l'aimer: le résumé me plaisait particulièrement. Ce fut plus que cela: il m'a bouleversée. Je l'ai dévoré en 2 jours à Paris. Dans le métro, au resto, dans un parc, jusqu'à 2h du matin....une fois commencé, impossible de la lâcher.
Outre l'histoire passionnante, le livre est très touchant. Il s'en dégage une grande beauté.
L'auteur s'inspire de son histoire personnelle pour raconter le destin d'une famille juive Satmar (un courant assidique anti-sioniste). Elle-même s'étant affranchie de cette communauté, elle en connaît parfaitement les codes et les contraintes. En racontant l'histoire du rabbi guide de la communauté, sauvé pendant la Seconde Guerre mondiale, elle s'inspire de l'histoire réelle du rabbin Joël Teitelbaum, sauvé par le "train de Kashner". (Avant ou après la lecture du livre, je vous conseille la lecture de cet article sur le hassidisme Satmar.)
J'avais beaucoup observé les ultraorthodoxes en Israël et ailleurs, sans jamais avoir réussi à vraiment comprendre leurs convictions et leurs pratiques. Dans les romans, si on s'approche (rarement) de l'intégrisme, c'est souvent pour mieux s'en éloigner. Ici, c'est vraiment le coeur de l'ouvrage. Je n'avais jamais rien lu de tel: une vraie plongée au coeur de l’ultra orthodoxie, par un roman (et non un témoignage) passionnant.

Peut-on lire ce livre sans aucune connaissance sur le Hassidisme?  
Tout à fait. Tout est parfaitement expliqué dans les moindres détails.  On est justement plongé dans une communauté extrême, convaincue et étrangère aux non-initiés. Dans ce livre, on comprend mieux le fonctionnement de cette communauté et les règles qu'elle s'impose.
Ce livre n'est-il pas trop religieux, trop ennuyant?
Pas du tout. Au contraire, c'est un livre passionnant qu'on peut lire sans connaître le judaïsme et meme s'en s'y intéresser particulièrement. Car c'est aussi un roman sur l'amour et ses rapports avec la foi, sur les conflits intérieurs, les traumatismes générationnels, l'amitié et la fraternité.
Pourquoi ce livre est-il si beau?
Il aborde de front ce qui peut paraître obscur et choquant, il montre la force des convictions, la beauté de la foi et le désespoir des conflits intérieurs. Il est surtout très délicat, sensible et aborde ce milieu sans jugement.

Je n'hésiterais pas à dire que c'est une de mes lectures les plus marquantes de 2014 et ce livre fait une entrée fracassante dans mon panthéon personnel. C'est déjà un livre que j'ai envie de relire et je vais de ce pas déjà commander le 1er roman de l'auteur Pur coton. Merci ma BFF pour cette découverte! J'aurais manqué quelque chose en passant à côté de ce livre.
Chers lecteur, comme Julie, je vous conseille vraiment la lecture de Je suis interdite.

Résumé de l'éditeur JC Lattès:
Depuis la Transylvanie juste avant la Deuxième Guerre Mondiale, en passant par Paris après la guerre, jusqu’à Williamsburg aux USA, le roman fait revivre 4 générations d’une famille Satmar. En 1939, le petit Josef, 5 ans, est sauvé par une jeune fermière non juive qui le fait passer pour son fils. Cinq ans plus tard, Josef sauve la jeune Mila, une fois que les parents de celle-ci ont été tués et lui fait rejoindre Zalman Stern, un chef religieux de la communauté Satmar, où Mila va être élevée comme la sœur d’Atara, la fille de Zalman. Au fur et à mesure que les adolescentes grandissent, la foi de Mila s’intensifie, alors que sa sœur adorée découvre le monde des livres et du savoir. Mila se marie dans le respect de sa religion, alors qu’Atara continue à remettre en question la doctrine fondamentaliste. Le choix des deux sœurs les sépare jusqu’à ce qu’un dangereux secret menace de les bannir de la seule communauté qu’elles n’ont jamais connue.

L'auteur
Anouk Markovits a été élevée en France dans une famille Satmar jusqu’à ce qu’à l’âge de 19 ans, elle s’enfuit en Amérique pour échapper à un mariage arrangé et entreprendre des études laïques. Après des études à Columbia, elle a obtenu un Master d’architecture de la School of Design de Harvard et un PhD en études romanes à l’université Cornell. Elle a travaillé sur les décors du film "L’Insoutenable légèreté de l’être". Elle est mariée et habite New York.

Pour vous convaincre, voici des extraits de la revue de presse du livre, sur le site des éditions JC Lattès :

Biba : Je suis interdite

" Une saga familiale bouleversante." S.L.




Le Figaro Littéraire : Je suis interdite

" Une histoire douloureuse devenue un beau roman. [...] Pas besoin d'être satmar ou même juif pour en apprécier la langue [...], la beauté, la force des personnages, des situations." Bruno Corty




Libération : Je suis interdite

" Je suis interdite est un roman sensible , aussi bien pour l'attention qu'il porte aux émotions que pour la précaution avec laquelle il faut l'aborder."




L'indépendant : Je suis interdite

" Étonnant et bouleversant." C.V.




Elle : Je suis interdite

"Il ressort de cette bouleversante saga familiale, tiraillée entre amour et foi, un déchirant sentiment de perte. Se libérer, c'est toujours renoncer. Le livre est magnifique." Philippe Trétiack




Madame Figaro : Je suis interdite

"Ce texte sur la soumission des femmes face à la religion est sans aucun doute l'un des plus forts de la rentrée." V. G.




Page des libraires : Je suis interdite

"Un roman remarquable. Pas une autobiographie, mais une histoire inspirée de ce qu'elle a vécu, sans jugement et avec un profond respect pour cette religion qu'elle a laissée derrière elle." Eloïse Boutin

2 commentaires:

  1. Ca a l'air passionnant, en effet. D'autant plus (mais je ne suis pas une spécialiste) qu'il me semble que peu d'ouvrages sont consacrés à l'ultra orthodoxie.

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  2. Effectivement, je n'avais jamais rien lu de tel. C'est un milieu très fermé. Le fait que l'auteur ait été élevée dans un tel milieu tout en s'en détachant est assez exceptionnel.

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